Toi quand tu te tenais comme ça, quand tu passais ton doigt doucement sur ta lèvre inférieure. Je te savais pensif. Je te percevais loin, perdu dans des songes d’ailleurs. Dans des tournures de phrase compliquées.
Tu étais belle.
J’avais envie d’être projetée dans ta tête. Tes yeux étaient bien trop pâles. Je me suis toujours demandée comment tu faisais pour y voir quelque chose avec des yeux comme ça. À l’époque, j’étais jalouse de tes pensées. Je voulais tout savoir. Je voulais comprendre les nuages gris qui flottaient dans tes iris quand tu lisais une lettre. Je voulais être capable de prévoir quand ton poing allait se serrer.
T’avais l’air ingénu d’une enfant des rivières.
Et puis j’avais envie de toucher tes cheveux. J’avais envie de comprendre tes rires. De me mouvoir avec toi.
Tes sourcils se fronçaient légèrement quand tu ne saisissais pas quelque chose.
Tu arrivais toujours derrière moi. Je ne t’entendais jamais à l’avance, toujours prise de court. Tu me surplombais toujours. Je me sentais si petite, j’aurais pu me noyer dans tes yeux. M’y noyer, et tu aurais continué à contempler la page d’un air concentré. Je n’aurais toujours rien compris à ce qui te faisait avancer dans la vie. À pourquoi tes mains se saisissaient des choses comme ça.
Tes lèvres se serraient, tu voulais me dire quelque chose. Tu étais jeune.
Tu me fascinais. Nous écrivions des souvenirs communs mais je n’avais jamais accès à ta partie. J’aimerais plonger dans ces souvenirs et chasser à la trace des indices de toi. Des indices laissés là par malice.
Je me souviens de toi à travers des odeurs, des sons. La musique fixait les souvenirs.
Ton nez se retroussait. Tu avais des petites taches de rousseur qui ressortaient sous le soleil de juillet.
Parfois je te regardais lire et je riais. Tu me demandais souvent pourquoi je riais et j’essayais de trouver quelque chose de drôle mais je n’y arrivais pas. En vérité, je riais de bonheur. Quand j’étais heureuse, je riais. J’essayais de te comprendre et je n’y arrivais pas alors je riais.
Ce sont mes meilleurs souvenirs. Étais-tu heureux, toi aussi ?
You when you stood like this, when you were softly stroking your lower lip with your finger. I knew you contemplative. I could feel you far away, lost in dreams of elsewhere. In complicated turns of phrases.
You were beautiful.
I wanted to be inside your head. Your eyes were way too pale. I’ve always wondered how you could see anything with eyes like that. At the time, I was jealous of your thoughts. I wanted to know everything. I wanted to understand the grey clouds that were floating in your irises when you were reading a letter. I wanted to be able to foresee when you were about to clench your fists.
You had the naive air of a river child.
And I wanted to stroke your hair. I wanted to understand your laughters. I wanted to move alongside you.
Your eyebrows would frown slightly when you failed to understand something.
You would always show up from behind. I would never hear you coming, always taken aback. You were always towering above me. I felt so small, I could have drowned in your eyes. Drowned there, and you would have kept looking at your book with a concentrated expression. Still I couldn’t understand what was making you move forward in life. What was helping your hands to get hold of things with such strength.
Your lips tightened, I knew you wanted to tell me something. You were so young.
I was fascinated by you. We were writing shared history but I could never read your part. I’d like to dive into those memories, hunting for clues of who you were. Clues playfully left there for me to find.
I get reminded of you through smells, sounds. Music establishes memories. With your snub nose. You had little freckles sticking out with the July sun.
Sometimes I watched you read and I laughed. You often asked me why I was laughing and I’d try to find some funny excuse to tell you but I couldn’t find any. Truth is, I was laughing with happiness. When I was happy, I’d laugh. I was trying to understand you but I couldn’t, so I would laugh.
Those are my best memories. Were you happy, you too?